Début du dé-confinement…Henri prend sa plume pour décrire sa visite à la belle ville d’Alençon
| Le vendredi 15 mai 2020
Chers amis,
Mon fils Henri est revenu au château depuis un moment, où il fait du télétravaille…ainsi que de nous donner des coups de mains bien appréciés…L’autre jour, il a fait des courses chez une maison de plomberie à Alençon. Je lui ai demandé de me raconter sa visite à cette belle ville…et le voilà, dans sa lettre dessus que je viens de recevoir et voulais partager avec vous.
A bientôt,
Ma chère Mère,
Je vous écris depuis le TER vers Paris [NDM : de retour pour des réunions essentielles]. J’ai mis un masque. Tout le monde en porte. Mais je n’ai pas vu l’ombre d’un agent de la SNCF. Au moins, le train roule !
Hier, avec l’ouverture aux déplacements de moins de 100 kilomètres, c’était enfin le moment de faire du « tourisme ». J’ai fait une virée dans la ville après les courses chez Maillard.
À l’approche d’Alençon, l’architecture m’a d’abord heurté. Elle avait tout le charme d’une cité médiévale. Un panneau suspendu au-dessus d’une porte invitait à rentrer dans une taverne à l’ambiance festive … bien que toujours fermée, en l’apparence.
Je m’étais garé un peu en-dehors de la ville. En prenant le chemin le plus direct vers le centre-ville, j’ai ainsi croisé la petite chapelle dédiée à Sainte Thérèse de Lisieux. La porte étant entrebâillée, je suis entré, je n’ai vu personne. La chapelle donne sur la maison d’à côté. En effet, dans la maison avait grandi Sainte Thérèse, avec la chambre préservée de l’autre côté d’une vitre.
Ressortant, j’ai continué mon chemin. J’ai croisé un chocolatier, pâtissier, vendeur de glaces, Ronaldo, près de la grande place, et je suis entré.
“D’où veniez-vous ? m’a demandé la dame qui tenait le magasin. Courtomer, je lui ai répondu.
“Ah, oui, dans la direction de Sées. Vous avez un chocolatier chez vous, quand même !"
En effet ! Elle était au courant de tout, cette dame. J’ai demandé si le magasin était resté ouvert pendant le confinement.
“Oui, mais seulement en matinée,” a-t-elle répondu. “Nous avons continué à voir un peu de monde.”
Les policiers mettaient des amendes à des véhicules mal-garés près du centre-ville…
“C’est dommage, disait-elle. Je n’aurais pas envie de dissuader aux touristes de venir, en leur mettant des amendes. En plus que personne n’a envie de sortir de chez soi.”
J’ai emporté avec moi une tarte aux fraises.
“Au revoir, et bonne chance,” m’a-t-elle souhaité.
Au centre d’Alençon, une poignée de personnes circulaient. La cathédrale Notre Dame d’Alençon, domine la place publique. Un grand monument gothique. Parfaitement dans l’esprit médiéval de la cité.
À l’intérieur, des vitraux illuminaient l’espace. Des plaques autour du chœur racontaient la vie des Saints Louis et Zélie Martin. Mariés, ils ont eu quatre filles, dont Sainte Thérèse de Lisieux. Sa mère Zélie est morte quand Thérèse était enfant.
Les images de personnes étaient collées sur chacune des chaises… des adultes, des enfants, des personnes âgées. Des membres de la paroisse. Ils ne pouvaient plus se rendre à la messe en personne… mais au moins ils participaient encore sur un plan moral.
J’ai continué l’exploration de la ville. Dans le style normand de l’époque médiévale, elle contient d’anciens bâtiments en pierre, mais aussi des maisons en bois, à colombages. Elles ne sont pas aussi grandes que les maisons en colombage de Rouen – ville drapière opulente à l’époque médiévale -- mais elles ont du charme. Autrefois, la ville d’Alençon accueillait une grande partie du commerce de grain dans la région. Elle bénéficiait de la richesse agricole de la plaine.
Ici et là, des magasins -- une boulangerie, ou un maraîcher -- servaient des clients. J’ai suivi des petites rues … traversé un pont, près d’un barrage. La Sarthe coule tranquillement le long de la ville d’un côté. Après avoir suivi un peu la rivière depuis la cathédrale, je suis remonté en passant la Briante, cours d’eau né près de Courtomer et qui se jette dans la Sarthe au cœur de la ville. Derrière d’anciens murs fortifiés de l’époque féodale, j’ai entrevu une petite cour intérieure colorée de glycines et d’arbustes fleuris. Des citadins profitaient du calme et du soleil. C’était le Musée des Beaux Arts et de la Dentelle, le bâtiment encore fermé.
Des arbres centenaires, de grands sapins, surplombent un espace vert, le Parc des Promenades, qui donne sur la rue Honoré de Balzac – il a écrit plusieurs romans situés à Alençon, comme vous le saviez. Avec des bancs, des rangées de platanes, et des attractions pour enfants, il rappelle les jardins du Ranelagh à Paris … je me souvenais de nos goûters sur ses pelouses en printemps, quand nous étions jeunes enfants…
Mon exploration m’a aussi mené aux abords du parc Simone Veil. La ville ne l’avait pas encore ouvert au public, mais un jardinier taillait l’herbe autour des parterres en fleurs.
Entre le colombage des maisons, les dalles en pierre, et la multitude de frênes, de platanes, et de tilleuls, la ville donne une impression de calme … de durabilité.
Suivant les ruelles ici et là, je regagnais la place centrale, avec la cathédrale dominant la ville. Le soir arrivait tranquillement.
“Je devrais revenir une autre fois, quand les choses auront repris,” me suis-je dit. “Je devrais rendre visite à la taverne d’où pend ce panneau.” »
Votre fils,